Une espérance pour notre temps : Le foisonnement de l’interculturel et de l’interreligieux Chine – Occident (aire francophone).

Il n’y a guère si longtemps qu’il était de rigueur ou de mise de se méfier voire de se gausser, et à juste titre, des diverses formes occidentales d’assemblage syncrétique interculturel et interreligieux effectuées sur base de matériaux asiatiques, dont la vogue du « New Age » fut, quelques décennies durant, l’illustration la plus voyante. Et il est vrai que , quand bien même cette vogue du « New Age » en disait long sur la dévaluation du discours culturel ou religieux occidental traditionnel, elle s’accompagnait de tant de dérives marchandes ou d’appropriations caricaturales des matériaux dont elle s’enorgueillissait, qu’il y avait bien lieu de tenir en suspicion ce bric-à-brac de religiosité ou de sous-culture postmoderne. Je voudrais soutenir ici, en relevant et examinant pour l’essentiel des liens plus récents, établis depuis notre ancrage de culture francophone, avec les cultures ou les religions chinoises, que le temps est venu de se réjouir de ce qui apparaît désormais comme un véritable foisonnement de l’interculturel et de l’interreligieux Occident-Chine. Entraîné par le phénomène de la mondialisation, et le rééquilibrage progressif des rapports de force entre l’ancien empire du Milieu et ses anciens colonisateurs, favorisé par toutes les métamorphoses du monde contemporain et entre autres les révolutions éditoriales et médiatiques, ce nouveau dialogue interculturel ne fait l’impasse ni sur les différences, ni sur les ressemblances, évite les écueils de cet exotisme dont Segalen se méfiait si légitimement, s’inscrit dans une perspective autant historique ou fonctionnaliste qu’essentialiste et témoigne d’un nouveau régime de questionnement et de partage dans lequel il est légitime de voir une espérance pour notre temps.

On voudra bien pardonner l’éclairage très partiel et peut-être partial que constituent mes propos dans un domaine d’investigation d’une telle ampleur, où je ne puis me prévaloir d’aucune compétence scientifique. Seule me justifie en l’occurrence une fervente et pour moi savoureuse implication d’amateur éclairé(1) qui me ramène à ce maître-mot qu’avec le cher Luc Collès, notre équipe de didacticiens avait mis en exergue des publications de la collection Séquences, il y a plus de vingt ans maintenant : « nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible. »(2)

Une des premières illustrations que je vois du foisonnement évoqué est ce que j’appellerais la récente efflorescence de la sinologie francophone. Le nombre, la diversité, la qualité et surtout l’audience directe ou indirecte, auprès d’un très large public, de ces spécialistes, savants et experts, situés dans l’aire culturelle francophone à laquelle je limite mon propos, pouvant légitimement se revendiquer d’une connaissance approfondie de l’ un ou l’autre secteur de la culture chinoise et de sa langue constituent en soi un événement marquant et une nouveauté . Dans la filiation des pères fondateurs de la sinologie française au XIXe siècle (les Rémusat, Julien et consorts)(3), quelques grandes figures, au siècle dernier, avaient bien émergé dans les milieux académiques et universitaires: mais les dialogues entretenus avec la culture chinoise par ces savants (Chavannes, Pelliot, Maspero, Granet, Demiéville…) n’avaient d’échos que dans les frontières relativement étroites de ces milieux. Les élèves de ces sinisants et sinologues se comptaient par dizaines ; aujourd’hui ils se comptent par centaines, et quasi par milliers. L’enseignement du chinois, chez nous, a progressé en quantité et sa didactique, on y reviendra plus loin, en qualité. La sinologie s’est diversifiée au fur et à mesure que la Chine sortait de son isolement en même temps que de son statut de société sous-développée. Aux experts de la culture chinoise classique ou ancienne se sont adjoints les experts de la Chine moderne et contemporaine ; aux spécialistes de la culture littéraire, philosophique ou religieuse les spécialistes de l’économie ou du droit; aucun domaine n’échappe plus à cet approfondissement savant de nos connaissances de la culture chinoise : architecture, médecine, musique, théâtre, sexualité, médias, sciences, politique… et tous les regards s’y concurrencent depuis celui de l’anthropologie culturelle jusqu’à celui de l’analyse des signes, des textes ou des images .

Ce développement de la sinologie récente se voit bien entendu amplifié par la révolution médiatique contemporaine. La toile, par exemple, a non seulement accéléré et intensifié les partages de savoir à l’intérieur même du territoire sinologique ; elle a aussi élargi de façon considérable l’audience autrefois modeste de ces secteurs. Un vaste public d’internautes accède aujourd’hui directement aux sites, publications ou informations d’une pléiade de sinologues francophones ou de centres de recherches sur la Chine(4). Il suffit de taper les mots Anne Cheng et Confucius sur Internet pour découvrir, en écoutant les cours enregistrés de la titulaire actuelle de la chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine au Collège de France, le savoir actuel le plus pointu relatif à cette figure majeure de la culture chinoise(5).

Ce qui est vrai de la toile est vrai aussi de la presse écrite : l’usage, de plus en plus répandu, de numéros spéciaux de magazines conçus dans une perspective didactique de vulgarisation des savoirs, a fait la part belle, ces dernières années, sous la poussée  de l’actualité, à l’interculturel Chine-Occident : les religions, la pensée, la littérature, l’économie, la politique chinoises font l’objet de nombreuses livraisons, dans lesquelles les sinologues, cela n’étonnera personne, sont sollicités au premier chef(6) .

Enrichie elle aussi des expertises sinisantes et sinologiques, l’édition francophone du domaine chinois a, ces dernières années, accru de façon exponentielle. Les maisons d’éditions ou collections se sont multipliées, éditions de poche y compris (7). Si la traduction des textes classiques ou les travaux des sinologues sont diffusés mieux que jamais (8), les romans, les poèmes contemporains chinois ou les écrits des dissidents prennent désormais grande place à leurs côtés sur les rayons des libraires, les Nobel de la paix attribués à Liu Xiaobo ou de littérature attribués à Gao XinJian naguère ou à Mo Yan récemment n’ayant qu’à peine accéléré cette évolution rapide (9).

Touchant au roman contemporain, par exemple, ou à la poésie, plusieurs types d’équations interculturelles, si l’on peut ainsi parler, peuvent être relevées. Dans le domaine du roman, d’abord, la prolifération des sinisants garantit une attention et une vigilance accrues à l’égard des nouvelles générations de romanciers chinois, ce dont témoignent des catalogues comme ceux de Picquier ou de Gallimard Bleu de Chine . Certains des traducteurs (traductrices) de ces maisons d’éditions, à l’exemple d’une Geneviève Imbot-Bichet, d’une Sylvie Gentil ou d’une Brigitte Duzan (10), sont des passeurs d’une compétence et d’une exigence singulières, tissant des liens exemplaires avec les jeunes écrivains qu’ils choisissent de faire connaître au public francophone. Et répétons ici que la toile, en permettant l’accès direct aux sites des maisons d’éditions ou des libraires, aux sites de sinologie ou à ceux, innombrables, de sinophiles, amplifie considérablement ce rapport de bouche à oreille par lequel se construit une communauté des lecteurs qu’initiaient seulement, auparavant, les chroniqueurs de la presse quotidienne ou périodique. Et c’est ainsi que les Liu Xinwu, Feng Tang, Liu Sola, Xu Xing, Han Han, Cui Zi’En, Pema Tseden, et autres bénéficient d’une audience quasi immédiate dans nos contrées francophones.

Autre cas de figure : celui du roman populaire occidental «d’inspiration chinoise». Ce sont des sinologues à présent, ou de plus jeunes chinoises francisées ou américanisées, qui ont repris la tradition du roman historique : un José Frèches, qui fut le commissaire du Pavillon français à l’exposition universelle de Shanghai en 2010 , fidélise un vaste public dans les fresques où il dépeint l’empire millénaire : Le Disque de Jade, L’Impératrice de la Soie, L’Empire des larmes(11)… A quoi répondent en écho les romans de la française Shan Sa, L’Impératrice, La Cythare nue ou Les quatre vies du saule ou ceux de l’américaine Anchee MIN Impératrice Orchidée, Perle de Chine (12).

Parent de l’imaginaire historique, le récit de vie, que Shan Sa et Anchee Min ont également illustré avec bonheur, n ‘a pas cessé non plus de proliférer, depuis les célèbres ouvrages de leurs devancières Chow Ching Lie et Jung Chang, Le Palanquin des larmes et Les Cygnes Sauvages(13). La veine de la littérature de témoignage est extrêmement riche, touchant aux cent dernières années de la vie en Chine, qu’il s’agisse d’autobiographies proprement dites et de récits « bruts », ou de toutes les variantes d’autobiographies romancées ou de romans contemporains à fond sociologique. Même si les brutales transformations sociétales des dernières décennies ouvrent déjà à d’autres témoignages, les folies maoïstes du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle, (dont la première dénonciation, dans l’aire occidentale et en particulier francophone, fut, rappelons-le, celle du grand sinologue belge Simon Leys)(14), ont traumatisé plusieurs générations chinoises et nourrissent encore pour une part non négligeable la littérature de témoignage la plus récente.

Parmi d’autres, pointons dans cette veine quatre figures singulières d’interculturalité : celle d’abord du très beau roman qui ouvrit à François Cheng son premier large public francophone : Le Dit de Tianyi , œuvre majeure, écrite en français, préfigurant tout l’univers interculturel contrapuntique de celui qui devint le premier Chinois à entrer à l’Académie française(15). Se déploie notamment, dans cette fiction en partie autobiographique, à la fois cruelle et sereine, relatant les heures claires puis les déboires de trois amis emportés dans la tourmente de la révolution communiste puis « culturelle », un imaginaire enraciné dans le vide et le blanc des traditions taoïste et calligraphique et dans le plein de la littérature occidentale moderne, que Gide illustre ici parmi d’autres. De cette interpénétration des deux cultures, Cheng tire un profit esthétique, scripturaire et spirituel qui fait de ce roman, à la frontière de nos deux mondes, un joyau d’humanisme contemporain.

Seconde figure singulière, celle des deux ouvrages La Montagne de l’âme et Le Livre d’un homme seul, du prix Nobel de littérature Gao Xingjian(16). Les romans, plus picaresque pour le premier, plus autobiographique pour le second, sont écrits en chinois cette fois, mais traduits par les remarquables Noël et Liliane Dutrait, si attentifs, à la demande de Gao Xingjian, à inventer, pour leur texte, en français, des jeux de langue analogues à ceux qui sont chers à l’auteur de ces voyages intérieurs, sans havre ni fin, en littérature, véritable « dao » de l’esprit(17). Ici aussi se déploie, fût-ce sans issue, le choc entre deux univers, celui de la Chine mythique, millénaire et rurale et celui d’une Chine occidentalisée et moderne : ceux en fait du passé et du présent de ce narrateur en exil perpétuel, écrivain chinois naturalisé français, évitant la couleur locale mais « capable, comme l’a relevé Julia Kristeva, d’entrer dans la chair des paysages chinois »(18) et « dans une totale fidélité onirique au génie de son pays et de sa civilisation », qui nous offre du coup une œuvre universelle.

Troisième figure singulière, celle de La passagère du silence, récit par la peintre française Fabienne Verdier de ses dix années d’apprentissage opiniâtre de la calligraphie, en Chine, durant les années quatre-vingt. Dans cet ouvrage, celle qui allait devenir l’immense peintre abstraite aujourd’hui mondialement reconnue, la future auteure de l’Unique trait de pinceau (19) et, tout récemment, de L’Esprit de la peinture, Hommage aux primitifs flamands (20), relate son initiation la plus matérielle et pourtant à proprement parler spirituelle à l’art majeur de la culture chinoise. Son immersion corps et âme dans le monde chinois et son écoute de grands maîtres intransigeants la conduiront à intégrer, au prix d’une véritable ascèse, tous les fondamentaux (taoïstes, bouddhistes,…) de cette culture qui féconderont son regard sur le monde sensible tout en confirmant son intuition « d’une universalité intemporelle du sentiment poétique »(21), les fulgurances de Nerval, de Hugo ou de Blake rejoignant à ses yeux celles de Bada Shanren, de Su Dongpo ou de Tao Yuanming.

Quatrième figure singulière de ces témoignages, relevée ici parmi bien d’autres, celle des romans Balzac et la petite tailleuse chinoise et Le Complexe de Di de l’écrivain et cinéaste franco-chinois Dai Sijie. Sélectionné pour le festival de Cannes, le film éponyme que Dai a tiré en 2002 du premier de ces romans a fait connaître ce récit à un grand public. Ayant lui aussi comme arrière-fond la révolution culturelle, il relate l’initiation intellectuelle et la transformation d’une jeune paysanne, au départ de la lecture du roman de Balzac Ursule Mirouët et d’autres grands romans occidentaux du XIXe siècle (22). Dans son second roman, qui obtiendra le Femina en 2003, Le Complexe de Di, Dai, sur fond des aventures picaresques d’un psychanalyste chinois ambulant (à vélo !), confirme, avec une grande verve critique à l’égard des interdits de son pays d’origine, sa passion pour la littérature occidentale et son amour de la langue française(23).

Il se trouve, on l’aura peut-être remarqué, que la prégnance des quatre figures d’interculturalité que je viens de relever est d’autant plus forte qu’il s’agit de personnalités pratiquant avec autant de bonheur le dialogue d’une culture à l’autre que le passage d’un art à l’autre, de la poésie à la calligraphie pour l’un, de la calligraphie à la peinture pour l’autre, du roman au théâtre et à la peinture pour le troisième, du roman au cinéma pour le quatrième  : en quoi leurs aventures « traversières » acquièrent valeur emblématique.

J’ai parlé du roman et du récit de témoignage ou de vie. Je ferai ici l’impasse, il faut bien m’y résoudre, sur la poésie , bien que celle-ci, de la si riche poésie classique, abondamment traduite et présentée, dans des anthologies et des collections de qualité (24), à la poésie moderne, même la plus contestataire (25), se révèle être aussi un terrain de subtils entrecroisements de culture, où s’illustrent spécialistes ou poètes . Dans ce domaine aussi un François Cheng a conforté sa stature emblématique de grand lettré sino-francophone en approfondissant au fil des années son œuvre de calligraphe et de poète (26).

Et j’aurais de même trop à évoquer, hélas, pour ce qui est du théâtre ! Gao Xingjian , après L’Autre Rive (1986) et la Neige en août , pièce de théâtre chanté et spectacle hors du commun présenté pour la première fois en décembre 2002 à Taipei (27), poursuit directement en langue française son œuvre théâtrale qu’il traduit, voire réécrit lui-même en chinois, modifiant et adaptant en fonction des attentes d’un public chinois des œuvres originairement pensées pour un public francophone, ce qui constitue un beau cas d’école en interculturel, analysé avec gourmandise par son traducteur français Noël Dutrait (28). Le théâtre se prête particulièrement bien, on le sait, à toute la complexité du questionnement interculturel : on avait pu du reste le vérifier à Bruxelles, avec la passionnante mise en scène proposée par Lin Zhaohua de Contes anciens parodiés par Lu Xun, lors du récent Europalia Chine (29) ou avec l’époustouflante création de la metteuse en scène hongroise Edit Kaldor C’est du chinois lors du Kunstenfestivaldesarts de 2010(30) . Tout autant que la France dont le Festival d’Avignon est un terrain privilégié d’échanges et d’expériences théâtrales interculturelles Chine- Occident (31), la Belgique est du reste depuis longtemps une plaque tournante en la matière, on doit le souligner( 32).

J’ai aussi choisi de passer sous silence le si riche cinéma chinois, dont la réception interculturelle mériterait une analyse approfondie, excédant les limites de cet article(33). Mais l’on trouve de tout aussi intéressantes formes subtiles d’appropriation interculturelle dans d’autres domaines du champ culturel, qui passent parfois, et à tort, inaperçus aux yeux de certains publics intellectuels : ces domaines sont contigus ou appartiennent carrément à ces territoires de la Didactique qui furent arpentés en long et large par le cher Luc Collès.

Et d’abord, le catalogue francophone de la littérature de jeunesse ou d’enfance témoigne lui aussi, depuis quelques années, de l’introduction chez nous de la culture chinoise et de tentatives d’initiation à celle-ci. Là aussi l’on retrouve du reste la présence de sinologues ou d’artistes de valeur, indicative de la qualité de cette avancée interculturelle.

Ainsi, pour saluer une devancière, il faut parler de cette merveille poétique qu’est le conte Le Maître de la Pluie ou le voyage de Tch’e Song, écrit par Bénédicte Vilgrain (à l’origine conçu pour être monté en pièce de théâtre d’ombres) et publié en 1984 chez Ipomée avec des dessins enchanteurs de Laurent Berman . « Voici que pour une fois, pouvait écrire Jacques Pimpaneau dans sa préface à l’ouvrage, des connaissances sérieuses jouent avec un talent de poète et de conteur et se renvoient constamment la balle ». Et l’avant-propos de Vilgrain est déjà à lui seul un bijou d’introduction au monde chinois(34). 

Ainsi aussi, parmi tant d’autres, de la série d’ouvrages de grande finesse que l’on doit à la regrettée Lisa Bresner : toute la bibliographie de cette jeune femme géniale serait ici à présenter, titre par titre publiés chez Gallimard, Actes Sud, Flammarion, Albin Michel, Picquier, Desclée et d’autres(35), comme illustration d’un extraordinaire travail interculturel, spécialement à destination des jeunes, et d’une adaptation créative en même temps que scrupuleuse des codes, signes, thèmes culturels chinois pour le jeune public francophone. Ainsi également des livres de Anne Thiollier (36)  . Ou encore, parmi des dizaines d’autres, on pourrait relever la très fine opération interculturelle, saluée d’ailleurs par Michel Defourny, que constitue Le chaperon chinois, texte dont Marie Sellier emprunte la traduction à Jacques Pimpaneau, et qui ne comporte ni chaperon ni mention de couleur rouge (37). Mais c’est l’utilisation, pour cet ouvrage, par la dessinatrice Catherine Denis, de la technique typiquement chinoise du papier découpé, de celle aussi du sceau à encre rouge ou de celle encore du fond rouge, qui induit la référence à notre conte occidental, dans l’esprit du jeune lecteur.

Au même niveau de raffinement, on saluera la version dessinée du conte chinois Le peintre Touo Lan (texte adapté de la transcription antérieure d’ Henri Gougaud) que propose Marc-Antoine Mathieu, dans un graphisme très épuré et un usage très contrasté du blanc, du noir et du gris renvoyant à la tradition des « Shanshui »(38) … ou encore le volume, publié sur papier d’Ingres par l’éditeur Milan, reprenant les féériques dessins et sinogrammes que l’illustratrice Anne Romby a conçus en écho au texte de Jean-Côme Noquès pour Le Génie du pousse-pousse(39).

Enfin, puisqu’il faut bien se limiter, comment ne pas conseiller à notre lecteur cet autre bijou d’interculturalité qu’est la petite anthologie de la Poésie chinoise publiée conjointement par Mango Jeunesse et Paris Musées grâce aux soins conjugués des sinologues Angel Pino et Isabelle Rabut, du calligraphe Shain Jye Mong et de l’illustrateur Sren-Lean Tang : régal pour les yeux et l’esprit, cette anthologie – je reviendrai plus loin sur l’intérêt particulier de ce « genre »- mérite de figurer dans toutes les bibliothèques, scolaires ou privées(40).

Du livre de jeunesse à la bande dessinée, dès les premières décennies du siècle passé connue en Chine (elle y est appelée lianhuanhua), où elle eut très vite, sous une forme un peu différente de chez nous (41), un succès populaire considérable et fut du reste, de longues années, instrumentalisée par le régime maoïste, il n’y a qu’un pas. Je ne voudrais pas oublier ce territoire, et souhaite au moins signaler ici, toujours pour illustrer mon propos de fond, deux récentes réalisations d’exception, témoignant du haut niveau du dialogue interculturel de ce temps. Tout d’abord, la publication en traduction française, qu’on peut qualifier d’historique, par l’éditeur de bande dessinée franco-chinois Fei, de l’adaptation dessinée du grand roman classique chinois Au bord de l’eau, dans la version qu’en avaient donnée les éditions des Beaux-Arts du Peuple de Pékin, dans les années 80-85, avec le concours de plus de trente dessinateurs de générations et de style différents, dont plusieurs grands maîtres et virtuoses du pinceau. Cela nous vaut un coffret de 30 tomes et de 3.776 pages noir et blanc induisant, pour le lecteur occidental, peu accoutumé à l’ampleur, au format comme aux dessins (où de nouveau, le blanc a une place prépondérante) d’un tel ouvrage , un rythme particulier de découverte et une lecture quasi expérimentale(42).

Pour ce qui concerne la bande dessinée, un autre « ovni » interculturel induit, de façon similaire, chez le lecteur occidental, un temps bénéfique d’apprivoisement : l’ouvrage en trois tomes, également en noir et blanc, Une vie chinoise, que l’on doit à la collaboration du grand artiste chinois du 9e art, Li Kunwu, et du scénariste français Philippe ôtié . Le trait tourmenté de « Xiao Li », l’étonnante intégration et déclinaison graphiques des sinogrammes tout au long de ce « manga » retraçant la vie d’un artiste chinois depuis Mao jusqu’à aujourd’hui, la gageure d’une autobiographie collant à la vie d’un Chinois « ordinaire » mais où devaient pouvoir se concilier l’horizon d’attente du lecteur étranger et celui du jeune Chinois d’aujourd’hui (découvrir la ou les Chine, au long d’un demi-siècle), font de ce livre fourmillant d’anecdotes, sincère, audacieux, émouvant, un des plus beaux portraits sociologiques de la Chine contemporaine et de son évolution(43). Il fut d’ailleurs, en Belgique, un des grands succès de librairie au moment du véritable événement, à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du dialogue entre la Belgique et la Chine, que fut le très riche et réussi Europalia.China, en 2009-2010(44). Je ne trouve comme équivalents à cet ouvrage, au niveau de l’esprit général comme à celui de la documentation, pour qui veut « accompagner », de façon à la fois empathique et critique, l’histoire complexe de la Chine contemporaine, que le remarquable film de Jean-Michel Carré (45), sorti en cette année 2013 et intitulé Chine, le nouvel empire. De l’humiliation à la domination 1911-2011, ou « la monumentale et définitive »(46) biographie que notre compatriote Philippe Paquet a consacrée à Madame Chiang Kai-Shek et, à travers elle, à cent ans de l’histoire chinoise, ce livre extraordinaire n’ayant cessé, depuis sa parution, de récolter les lauriers les plus divers(47).

Deux autres livres, plus anciens, racontant la Chine au temps de Mao se lisent avec délectation: le premier, littéraire, introduit magistralement aussi par Simon Leys et traduit par lui, de Chen Jo-Hsi, Le préfet Yin et autres histoires de la révolution culturelle, Denoël, 1980 ; le second, récit de vie à belle dimension littéraire, de Brigitte Duzan, Mille ans de soucis et soudain le printemps. Une famille paysanne sous Mao et après., L’Aube éd., « document », 2004, 280pp.

Quittons le ou les domaines du livre de jeunesse et de la Bande dessinée, sans nous en éloigner de beaucoup, pour pointer cette savoureuse « gourmandise » interculturelle que constitue, à mes yeux, « l’anthologie littéraire » dont, plus que d’autres peut-être, enseignants de nos écoles et didacticiens mesurent tout le prix. Ils savent en effet, pour en avoir fait une de leurs priorités, à quel point la culture d’un peuple est faite de ce socle commun de références de l’imaginaire qui se constitue tout au long de l’apprentissage scolaire. Et qu’il n’est pas de véritable connaissance ou compréhension de l’autre (et donc de possibilité de dialogue) sans une perception de ce fondement. 

Jacques Pimpaneau, que nous avons déjà cité à plusieurs reprises, a le mérite d’avoir collecté pour le lecteur francophone ce choix de textes littéraires chinois basé sur les anthologies de manuels scolaires et qui constitue l’imaginaire de référence de tout chinois scolarisé : on trouvera dans son Anthologie de la littérature chinoise classique l’équivalent culturel de nos Chanson de Roland, La Fontaine, Hugo et Baudelaire et de ces miettes culturelles (Mignonne, allons voir si la Rose…, Maître Corbeau, sur un arbre perché…, O saisons, ô châteaux…, Sous le pont Mirabeau coule la Seine…) qui survivent à nos amnésies ordinaires(48).

Et s’il ne relève pas du propos engagé ici de parler de la très vivante tradition des traductions chinoises de notre littérature française, classique ou contemporaine (49), on me pardonnera de mentionner toutefois, en guise de clin d’œil, un original équivalent chinois à l’ouvrage de Pimpaneau, touchant très précisément la littérature française de Belgique, et que l’on doit au nouveau traducteur et propagateur chinois des œuvres de Hergé, le professeur émérite Wang Bindong: des Charles Decoster, Emile Verhaeren et Maeterlinck à nos actuels François Emmanuel,Francis Dannemark, Xavier Hanotte ou Caroline Lamarche, en passant par les Gevers, Simenon, Rolin, Thiry ou Mariën, sans oublier même, pour le clin d’œil aussi, un Charles Pairon (50), c’est quasiment le panorama de nos lettres exploré aujourd’hui par nos élèves francophones du secondaire qui est offert à la curiosité des jeunes universitaires chinois en Etudes de Lettres, dans une anthologie documentée et très actuelle(51). Bel échange de prolégomènes interculturels.

Avant de passer à cet autre versant de mon propos qui est l’interreligieux, je me permettrai d’achever cet état des lieux du foisonnant dialogue interculturel en cours en attirant l’attention sur le domaine didactique proprement dit et sur l’évolution récente de l’enseignement du chinois dans nos régions. Ce dernier, annonçais-je au début de cet article, a en effet crû ces derniers temps, en quantité comme en qualité, de façon spectaculaire. En plus des écoles spécifiques, supérieures ou non, de jour ou de soir, qui organisaient et continuent d’organiser l’enseignement de la langue chinoise, les options chinois se sont multipliées dans les enseignements secondaires, en France comme en Belgique. Dès 2005, le chinois est en effet devenue la 5e langue enseignée dans le secondaire en France, par près de 400 professeurs et dans plus de 500 établissements. Depuis, en l’espace de seulement 8 ans, le nombre d’élèves est passé de 9 000 à près de 33.000 , soit une augmentation de 13% au cours de la dernière année et de 400% sur dix ans et le mandarin est enseigné dans plus de 593 lycées et collèges et dans toutes les académies de l’hexagone (52). Un des grands artisans de cette expansion est l’inspecteur général de chinois au ministère français de l ‘Education nationale, Joël Bellassen, directeur de recherche en didactique du chinois à l’INALCO. On lui doit non seulement des méthodes renouvelées, internationalement reconnues, et des manuels d’apprentissage de qualité exceptionnelle mais aussi la supervision scientifique de cette merveille didactique qu’est la revue Planète Chinois (53). Quatre fois par an, depuis la rentrée 2009, cette revue richement illustrée et de haute tenue culturelle propose aux apprenants de chinois une multitude d’articles, de dossiers, de bd, d’exercices d’écriture ou d’oral (liés à des compléments vidéos, photos ou audios et à des articles bilingues que l’on trouve sur le site internet de la revue). On peut sans exagération parler à son propos de révolution didactique et de très précieux outil d’introduction au monde chinois.

C’est surtout au niveau de l’enseignement supérieur et universitaire que l’enseignement du chinois, en Belgique francophone, se développe ces derniers temps, avec l’introduction dans des programmes facultaires de mineures en chinois ou de master en langue et littérature chinoise, avec aussi l’intégration d’Instituts Confucius dans certaines universités et les accords interuniversitaires Belgique-Chine, ou avec le succès que remporte le chinois dans certains instituts supérieurs comme l’ISTI ou Marie Haps et son Centre de langue et de culture chinoises (CLCC)(54).

Mais le secondaire commence à s’inscrire lui aussi dans cette dynamique: depuis septembre 2011, dans le cadre des partenariats LCO (Langue et Culture d’Origine) entre la Communauté française et des pays étrangers, 12 écoles, primaires et/ou secondaires, proposent des cours de langue chinoise et des cours d’ouverture à la culture chinoise(55).

Est-il besoin de dire qu’en ces domaines d’apprentissage systématique de la langue et de la culture chinoises comme dans tous ceux évoqués jusqu’ici, des dizaines de sites internet, privés, publics, individuels, collectifs, commerciaux, institutionnels ou autres s’ajoutent aux institutions d’enseignement et aux matériaux livresques traditionnels , démultipliant et diversifiant d’autant les matériaux, méthodes et techniques d’apprentissage, dans une notoire polyvalence didactique(56).

 

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Avant d’aborder explicitement, comme je m’en étais assigné la gageure, le redoutable domaine de l’interreligieux, un remords me vient, en considérant les lignes qui précèdent : celui d’avoir par trop réduit le domaine de l’interculturel à ses manifestations intellectuelles, trahissant par là une spécificité, historique autant que permanente, de la culture chinoise. Cela mérite un court suspens de mon propos, à valeur d’amendement.

« L’esprit et la chair », dans le fondement de la culture chinoise, ne sont pas dissociés comme ils l’ont été chez nous jusqu’il y a peu. Le corps, pour les Chinois, au même titre que la nature, a une importance et des résonances spirituelles qu’ils n’ont pas (eus) chez nous. On en reparlera plus loin en évoquant le taoïsme, mais cela induit toute une « épaisseur » et une dissémination culturelles dont on ne peut faire abstraction. La médecine chinoise, la diététique et l’art culinaire, qui en font partie, les techniques du Yang Sheng (nourrir sa vie), du Qigong, ou de certains arts martiaux comme le Taijiquan qui en sont des prolongements, l’art du thé ou l’art des jardins sont des fondamentaux de la culture chinoise auxquels nous sommes de plus en plus nombreux à rendre justice, de ce côté de la planète. Au lecteur qui ne se sent pas suffisamment au fait de ces fondamentaux culturels, je conseille vivement un livre jubilatoire écrit par Lin Yutang, grand lettré chinois, il y a déjà trois quarts de siècle, mais récemment réactualisé chez nous par la reprise de sa traduction française et la réédition opportune, préfacée par Pierre Kaser, qu’en a faite Philippe Picquier  : L’Importance de vivre(57). De Lin Yutang, qui, bien avant Michel Onfray, écrivait : « Le fait le plus évident, que les philosophes refusent de voir, est que nous avons un corps (58) », je citerais avec jouissance des pages entières, mais je me limiterai à ces lignes, pour appâter mon lecteur en confortant mon propos : « Qu’un esprit chinois rayonne à la vue d’un beau festin ! Qu’il est enclin à proclamer la vie magnifique quand son estomac et ses intestins sont remplis ! De cet estomac bien rempli se dégage un bonheur qui est spirituel. Le Chinois croit à l’instinct qui lui dit : quand l’estomac va bien, tout va bien. C’est pourquoi il n’a pas de pruderie en ce qui concerne la nourriture et sa dégustation. Quand un Chinois avale une pleine bouchée de bonne soupe, il claque la langue vigoureusement, ce qui ne serait évidemment pas de bon ton en Occident. (59) » Et il faut lire la suite, où Lin Yutang impute aux « bonnes manières » occidentales l’arrêt chez nous du développement de l’art culinaire et aux remontrances des mères à l’enfant faisant du bruit en mangeant, l’initiation aux tristesses de la vie !!

Toutes ces dimensions d’une culture autrement attentive au corps que la nôtre sont des domaines d’exploration auxquels je ne puis que convier avec insistance mon lecteur. Et là aussi, les choses ont étonnamment changé, ont bouillonné devrais-je dire, au cours des dernières décennies. En médecine chinoise, on ne compte plus le nombre d’Occidentaux, tels un Philippe Sionneau, un Eric Marié en France, ou chez nous une Elisabeth Martens, une Brigitte Meeus, (60), allés se former en Chine, ou de Chinois diplômés venus chez nous, tandis que se multiplient les Facultés ou Centres enseignant chez nous approche historique, épistémologie ou pratiques de médecine chinoise (acuponcture, tuina, etc.) ou hôpitaux intégrant ces mêmes pratiques(61).

De même pour le Qigong ou le Taijiquan…Nombre d’enseignants expérimentés, occidentaux ou chinois, dûment formés, en Europe ou en Chine, dispensent chez nous des enseignements de qualité  en ces matières. Quant à la cuisine chinoise, ce que doit savoir le grand public, accoutumé à la restauration chinoise d’immigration, hélas souvent très adaptée sinon trop aux goûts occidentaux, c’est qu’il commence à exister chez nous, non seulement des restaurants ou des particuliers dignes de la vraie tradition culinaire chinoise ou de sa gastronomie (62), mais aussi des comptoirs ou salons de thé à la hauteur de cette grande tradition du Gong Fu Cha, du Dao Cha ou de cette « Extase du thé », aujourd’hui à nouveau florissante en Chine, et où corps et esprit réunis en une pratique en outre éminemment conviviale induisent une valeur ajoutée de haut humanisme et de spiritualité profonde(63).

Tout ceci devait être dit avant que je ne poursuive et achève mon propos.

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Venons-en donc enfin à l’autre pan de cet interface Occident-Chine qu’est le rapport entretenu ‘de nous à eux’, si l’on peut ainsi  parler, dans le domaine dit religieux, au cours de ces derniers temps.

Le sujet bien sûr est immense, complexe, et moins encore que dans les domaines qui précèdent , je ne puis me targuer de quelque compétence minimale en la matière. En outre, je dois faire l’aveu que je suis porté à faire mien, à l’égard de la catégorie ou du mot « religion » le regard critique que nous a magistralement invité à porter sur ce mot, invention latino-occidentale par excellence, le philosophe et historien des religions Baudouin Decharneux. Dans un petit livre au titre provocateur, La religion existe-t-elle, qu’il vient de publier aux éditions de l’Académie, Decharneux montre bien que cette catégorie, que le colonialisme occidental a tenté d’imposer à toutes les cultures, n’est en rien universelle et n’est « relevante » que dans la nôtre. Il reste que cette catégorie, ou ce mot, à manier donc avec des pincettes dès lors qu’il s’agit d’univers de langage et de pensée radicalement différents du nôtre, peut garder valeur de curseur, pour tout ce qui touche le rapport de tension entre le réel et l’invisible(64).

Et il reste aussi que le tableau interculturel brossé à gros traits dans la première partie de cet article serait vraiment lacunaire et quasi caricatural si je n’y ajoutais, fût-ce également à gros traits, et en conservant dans l’esprit la mise au point qui précède, une esquisse de la nouvelle silhouette « interreligieuse » qui prend forme précisément sur cette toile de fond des dialogues actuels et conforte la nouvelle espérance dont je parlais.

Quitte à surprendre, je dirais volontiers que c’est à une silhouette bien ancienne que fait penser, pour poursuivre l’image, celle qui émerge aujourd’hui dans le dialogue religieux avec la Chine : celle du jésuite Matteo Ricci, Li Madou pour les Chinois, seul étranger, avec Marco Polo, à figurer sur le bas-relief consacré à l’Histoire de la Chine au « Millennium center » de Pékin. Est-il besoin de rappeler la valeur symbolique considérable de cette figure de passeur, un des premiers jésuites savants à être entrés en Chine, au XVIe siècle, auquel on doit la transcription en lettres latines de la langue chinoise et le premier dictionnaire chinois en langue occidentale ? La trajectoire humaine, scientifique et spirituelle de cet illustre « lettré » d’Occident qu’on a encore célébrée avec fastes en 2010(65) reste un modèle d’immersion dans l’univers chinois, sa langue, son écriture, sa culture, ses « religions », son histoire.  Clin d’œil de celle-ci : la tombe restaurée de Ricci, qui avait obtenu de l’empereur Wanli dont il était proche de pouvoir être inhumé sur place, est encore aujourd’hui dans un petit jardin au centre de l’Ecole des cadres du PCC, au cœur de la capitale !

Je voudrais soutenir ici qu’au cours des dernières années, le regard porté par certains Occidentaux sur la Chine « religieuse » est, mutatis mutandis, comparable en potentialités positives à celui que portait naguère un Matteo Ricci en la matière. Et sans doute n’est-ce pas un hasard si c’est à un jésuite que l’on doit les deux livres incontournables que je voudrais évoquer en premier .

Dans Les mandariniers de la rivière Huai et, plus encore, dans L’empire sans milieu, Essai sur la « sortie de la religion » en Chine, Benoît Vermander, personnalité très riche, savant, peintre et calligraphe, qui fut directeur de l’Institut Ricci à Taipei, qui enseigne aujourd’hui les sciences religieuses à l’université Fudan de Shanghai (66), offre, non seulement un très documenté état de la question du religieux en Chine contemporaine, mais ce que l’on pourrait appeler une axiomatique ou les éléments d’une épistémologie de l’interreligieux aujourd’hui. Percevant bien et analysant de ce point de vue les enjeux cruciaux de la globalisation, Vermander dégage de façon visionnaire les nouveaux termes et les horizons d’un dialogue interculturel et interreligieux Occident-Chine conduisant les uns et les autres à dépasser et résoudre par le haut les apories et contradictions où les ont conduites leurs histoires et systèmes propres.

C’est à cette nouvelle rencontre interculturelle induite par la globalisation que Vermander lie l’avenir du réveil religieux qu’il voit pointer en Chine. Utilisant et illustrant le concept très pertinent de « sortie de la religion », emprunté à Marcel Gauchet, pour tenter de comprendre le contexte religieux complexe de la Chine actuelle, il réactive aussi les « opérateurs » (braconnage, bricolage, trajectoire…), dont se servait naguère Michel de Certeau pour « penser autrement la créativité sociale, y compris dans le fait religieux », et analyser les métamorphoses et mutations du social et du religieux, y compris dans le passage généralisé, en Occident comme en Chine, à la « condition politique ».

Dans la foulée de cette réflexion, la « trajectoire » chinoise du chamanisme au virtuel de l’internet où nous sommes également conduits, amène Vermander, prenant au sérieux cette entrée de la communication sociale (internautes chinois et occidentaux confondus) « dans l’âge et sur le mode virtuel », développe une originale et quasi prophétique interrogation, aux accents presque theilhardiens, sur le rapport en recomposition entre « condition politique » et « condition religieuse ». On voit de quelle espérance est porteuse une lecture occidentale aussi renouvelée des religions chinoises et du christianisme, s’efforçant à lire et inscrire les premières, « dans leurs interprétations canoniques comme dans leur reformulations contemporaines (…) dans le récit partagé par lequel nous nous essayons à penser et rêver une aventure commune d’humanisation continuée »( 67).

 C’est aussi d’une « sortie de la religion », en même temps que d’une profonde fidélité aux fondements originels de son aventure spirituelle, que rend compte un autre témoin du cheminement interreligieux, l ’ancien prieur de Bocquen, Bernard Besret, pérégrin ou vagus (68) ayant trouvé en Chine ce « monastère sans religion » répondant à son attente profonde. Dans son livre A hauteur des nuages. Chroniques de ma montagne taoïste, Bernard Besret relate le passionnant parcours qui l’a conduit à ouvrir il y a peu, en collaboration avec ceux qui sont devenus aujourd’hui sa famille chinoise, une auberge « taoïste » sur les flancs de la montagne Qiyunshan(69), dans l’Anhui, non loin des célèbres Montagnes jaunes.

La « sortie de religion » dont témoigne ce moine laïc est celle d’un trans-religieux, à la fois préoccupé Du Bon usage de la vie et, dans la lignée d’Aldous Huxley « d’explorer les convergences entre les différentes traditions de l’humanité, en particulier entre les pensées spirituelles d’Orient et celles de l’Occident », pour mieux s’approcher du fondement ultime du réel. Aussi bien, sans pour autant se reconnaître personnellement une quelconque identité « taoïste », Besret précise : « Je suis et je reste occidental, mais cela ne m’empêche pas de me sentir en parfaite résonance avec certains aspects de la pensée taoïste et même de trouver que sur certains points, en particulier l’articulation entre la pensée abstraite et l’expérience vécue, elle a su mieux que nous baliser les chemins d’une longue vie heureuse »(70). Ainsi explicite-t-il les résonances que suscitent en lui des notions ou concepts centraux de la pensée taoïste comme la non nomination du fondement de la vie, le Yin et le Yang et le Vide médian, le souffle-énergie, mais aussi des pratiques ou rituels comme le « yang shen » (le fameux « Nourrir sa vie » (71) qu’a rendu célèbre chez nous l’ouvrage de François Jullien), le Qi Gong, le culte des ancêtres, voire même les rituels liés à la reconnaissance de ce « Continent des esprits » héritée du chamanisme.

Je viens de citer incidemment François Jullien et ceci nous ramène à la sinologie et à son implication dans ce qui constitue à coup sûr une des facettes de l’interreligieux Occident-Chine : le regard que nous portons d’ici sur le « religieux » chinois.

On se rappelle la célèbre controverse qu’ont entraînée les perceptions, jugées par certains trop « essentialistes» du renommé philosophe-sinologue de L’éloge de la fadeur , cherchant à creuser « l’ailleurs » de la Chine dans la pensée lettrée (bien antérieure au taoïsme et au confucianisme), de façon, grâce à ce détour, à mieux cerner les impensés de notre pensée et à permettre un « auto-réfléchissement » inédit de l’humain (72). On admettra qu’aussi bien les élargissements réflexifs de ce type que les débats auxquels ils ont donné lieu(73), de même que les proliférantes explorations de l’univers philosophique ou « religieux » chinois dues précisément à des sinologues hautement qualifiés ont affiné sensiblement, au cours des dernières années, notre perception des « sanjiao », autrement dit des trois mouvements religieux ou enseignements chinois que sont le taoïsme, le bouddhisme chan et le confucianisme.

D’une part donc, le dépassement philosophique renouvelé auquel convie Jullien, à mille lieues d’une nouvelle tentative de récupération des fondements de la pensée chinoise, nous amène à mieux penser, dans la scrupuleuse attention aux « hétérotopiques » bien des composantes de la Chine « religieuse », mais à mieux penser aussi avec la Chine, non seulement en travaillant l’écart , mais aussi, comme le souhaitent les penseurs chinois contemporains, en travaillant avec l’écart(74). Reconnaissant n’avoir nul besoin de se convertir à la Chine ancienne ( « Je dis cela contre un certain « Orient » à gourous. »), Jullien n’en est pas moins un écoutant exemplaire de la Chine grâce à qui nous pouvons, en deçà comme au delà du « religieux », questionner « le socle d’évidence, non seulement de nos concepts philosophiques, mais aussi des valeurs sur lesquelles se fait le consensus social » : la Vérité, le Bien, le Sens…(75).

D’autre part, comment ne pas s’en réjouir, c’est à de tout aussi bénéfiques élargissement de nos connaissances et laminage de nos préjugés que peuvent à coup sûr nous ouvrir les proliférantes explorations actuelles, je le disais, du « religieux » chinois. Les ouvrages de Kristofer Schipper, auteur du récent La religion de la Chine. La tradition vivante et, en la matière, un des initiateurs de « l ‘observation participante », puisqu’il suivit naguère une initiation de maître taoïste aboutissant à son ordination, se révèlent incontournables pour qui souhaite avoir une connaissance correcte de la tradition taoïste et de ses démêlés récurrents avec le confucianisme, quasi depuis son origine instrumentalisé par le pouvoir impérial (76). D’une autre façon que Jullien, un Schipper, en écho au constat de crise épistémologique de l’Occident annoncé par Bateson, confirme l’intérêt d’ « une fécondation croisée » des pensées chinoise et occidentale : «  la pensée corrélative chinoise, avec sa cosmologie du Tao et du qi ( le souffle), son système de correspondances (…)fait totalement voler en éclats l’ancienne barrière corps-esprit et permet de réfléchir à notre vie et à sa signification en des termes entièrement différents . »(77)

Dans la foulée de Schipper, nombre de sinologues de l’aire francophone ont renouvelé ces derniers temps la perception que nous pouvions avoir du Taoïsme, de certains de ses référents et de sa place dans la tradition chinoise : c’est le cas entre autres d’Isabelle Robinet, Catherine Despeux, John Lagerwey, Pierre-Henry de Bruyn, Romain Graziani, Cyrille Javary (78). Les unes et les autres nous ont offert des ouvrages d’une considérable richesse, ouvrant au néophyte occidental des explorations intellectuelles qui sont autant d’itinéraires spirituels, pourrait-on quasi dire. Et, dans cette énumération forcément lacunaire, comment ne pas ajouter le nom d’Adeline Herrou, auteur de La vie entre soi. Les moines taoïstes aujourd’hui en Chine : cette thèse doctorale, autre illustration de cette « observation participante » initiée dans le domaine par Shipper et dont s’honore aujourd’hui l’anthropologie, est une véritable somme de connaissances en même temps que de questions ouvertes sur cette réalité vivante que l’on pourrait appeler la réécriture du taoïsme, dans la Chine d’aujourd’hui, voire au-delà(79). Réécriture dont, dans la perspective interculturelle Occident –Chine qui était le propos de cet article, je souhaiterais mentionner deux ultimes illustrations encore : la création en Belgique d’une Association taoïste, depuis l’année 2012, et, en l’automne 2013, la première semaine d’importantes activités taoïstes à Bruxelles rendues possibles par la visite d’une importante délégation de l’Association taoïste de Chine, comprenant une cinquantaine de maîtres venus de différents temples du pays.

Je voudrais ajouter, pour en terminer bientôt avec la dernière partie de cet article, que si la perspicacité de la sinologie francophone récente nous amène à mieux percevoir la puissance irradiante du taoïsme en regard de la tradition confucianiste (par ailleurs elle aussi amplement réofferte à notre examen), elle n’en oblitère pas pour autant la figure originelle dont seul le texte des Entretiens nous livre directement l’ombre portée. Que du contraire ! En témoignent, parmi d’autres, outre les conférences d’Anne Cheng au Collège de France, déjà citées plus haut, l’annexe stimulante du dernier livre de Graziani, intitulé Portrait de Confucius en taoïste(80), comme aussi la magistrale communication que Simon Leys fit naguère à notre Académie royale sous forme d’introduction à Confucius(81), comme enfin l’ouvrage passionnant que Jean Levi consacra à ce dernier(82).

Il me faut conclure ici. La démonstration du foisonnant rapport interreligieux Occident-Chine, pour ce qui touche au Bouddhisme, ce troisième des trois enseignements religieux ayant prospéré en Chine, qu’il s’agisse du Bouddhisme Chan ou du Bouddhisme tibétain (ou de certaines de ses déclinaisons particulières, comme le Dzogchen)(83) excéderait les limites de cet article et n’est pas nécessaire, tant ce foisonnement est évident et connu. C’est par centaines que se comptent ouvrages, magazines, films ayant affiné et corrigé ces derniers temps notre perception en la matière(84). Et l’on pourrait même soutenir que la présence de quelques ouvrages apparemment iconoclastes parmi un fourmillement d’ouvrages orthodoxes concourt au même résultat d’affinement de notre vision et d’élargissement de notre cartographie spirituelle(85).

Je terminerai simplement en signalant à mon lecteur, en guise de cerise sur le gâteau, trois petits objets singuliers et à mon sens bien symboliques, illustrant, chacun à sa manière, ce nouvel état d’esprit de l’interculturel et de « l’interreligieux » que souhaitait pointer cet article : un tout accessible petit livre de l’excellent Jacques Pimpaneau (encore lui !) intitulé A deux jeunes filles qui voudraient comprendre la religion des chinois (86); la belle version ensuite que propose aujourd’hui Jean-Christophe Frisch et l’ensemble XVIII-21,Musique des Lumières, en collaboration avec l’Ensemble Meihua Fleur de Prunus Chœur du Centre Catholique Chinois de Paris de La Messe des Jésuites de Pékin de Joseph-Marie Amiot(87) ; enfin, le très beau petit livre rassemblant sous le titre La raison de l’oiseau les poèmes d’amour de Tshanyang Gyatso, sixième Dalaï Lama (1683-1707), traduits du tibétain et présentés par Bénédicte Vilgrain(88)…

Oui, c’est bien d’un foisonnement ravigotant que j’espérais rendre compte en m’engageant dans ce relevé finalement très lacunaire de récents rapports interculturels et interreligieux Occident-Chine, pour ce qui touche à notre aire francophone. Je vérifie, en le clôturant, combien il m’a conforté dans le sentiment que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de ces entrecroisements, ouvrant à de nouvelles espérances pour l’humain. J’aimerais avoir aidé mon lecteur à s’en convaincre.

Pierre Yerlès, Prof émér.U.C.L.

 

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(1) Il se trouve simplement que l’initiation à la langue, à l’écriture et à la culture chinoise, des voyages ou séjours réguliers en Chine et les amitiés nouées avec des Chinois, au cours de la dernière décennie, ont favorisé puis redoublé une gourmandise de Chine qui est un des cadeaux inattendus de mes années de « grand âge ». Mon savoir en la matière est donc celui qu ‘explicite en ces termes Hervé Collet, ce grand connaisseur de la Chine : «Savoir, c’est connaître la saveur du monde.», in Dieu ou rien ? traité de l’enthousiasme, éd de La martinière, 2009. 

(2) Roland Barthes, in Leçon.

(3) cfr. , pour un bref aperçu de l’histoire de la sinologie, antérieurement et postérieurement au XIXes., le petit opuscule de Charles Leblanc, Profession sinologue, Les Presses de l’Université de Montréal, 2007.

(4) cf par ex. les sites www.afec-etudeschinoises.com ; www.efeo.fr ; www.chinese-shortsories.com (francophone) ; http://sites.univ-provence.fr/irsea/ ; www.cefc.com , http://gtimes.com ; www.institutricci.org ;http://cecmc.hypotheses.org ; www.crcao.fr ; etc.

(5)Voir, et entendre ( !) :www.college-de-France.fr/site/anne-cheng . ou https://itunes.apple.com/fr/itunes-u/histoire-intellectuelle-la/id429674589

(6) cf par ex. Le Monde des religions, n°48 de juillet-août 2011 Les sagesses chinoises et Ibid., Coll. « 20 clés pour comprendre », 20 clés pour comprendre les Sagesses chinoises, rééd Albin Michel mai 2013  ; Religions et Histoire, n°38, mai/juin 2011, Confucius du mythe à l’histoire ; Le Point hors-série-Les Maîtres-penseurs, n°12, juin-juillet 2012, Confucius Le vrai maître de la Chine ; Le Magazine littéraire , n°491, novembre 2009, Dossier : Confucius 2500 ans de sagesse ; Le Nouvel-Observateur Hors-série, n°71, janvier-février 2009, Comprendre les pensées de l’Orient ; etc.

(7) Voir e.a. les éditions Picquier et Picquier poche, les éditions Gallimard, coll. Bleu de Chine.

(8) Voir, par exemple, outre des rééditions chez Gallimard ou Picquier la nouvelle et désormais incontournable collection « Bibliothèque chinoise » dirigée aux Belles lettres par Anne Cheng et Marc Kalinovski,, ou la toujours vivante maison d’éditions Moundarren dirigée par Hervé Collet.

(9) Rappelons que c’est chez Gallimard (Coll. Bleu de Chine) qu’on trouve, traduits en français, les deux recueils de textes de Liu Xiaobo, La philosophie du porc et autres essais et Vivre dans la vérité ; aux éditions de l’Aube ( poche), les deux grands romans de Gao Xingjian traduits par N. et L. Dutrait, La Montagne de l’âme et Le livre d’un homme seul ; chez Points , en rééd. de poche, les nombreux romans de Mo Yan, traduits en français.

(10) Geneviève Imbot-Bichet est la fondatrice des Editions Bleu de Chine, qu’elle dirige aujourd’hui pour le compte des Editions Gallimard ; Sur Sylvie Gentil, voir le très bel hommage que lui rend Brigitte Duzan : Sylvie Gentil, entre chinois et français : passeur de textes, passeur d’auteurs, sur le site http://www.chinese-shortstories.com/Traducteurs_et_editeurs_Sylvie_Gentil.htm ; Brigitte Duzan, écrivain et traductrice, spécialiste des rapports entre littérature et cinéma chinois, est la rédactrice du remarquable site www.chinese-shortstories.com.

(11) Chez Pocket ou chez Xo éditions.

(12) Impératrice de Shan Sa a été prix des lecteurs de Livre de poche en 2005 . Les livres de Anchee Min sont publiés chez Pocket.

(13)Le palanquin des larmes est réédité en poche chez J’Ai lu, Les cygnes sauvages chez Pocket.

(14) Tous les écrits « brûlots » de Simon Leys ont été regroupés et réédités dans Essais sur la Chine, Robert Laffont, Coll. Bouquins, 825pp.

(15) Le Dit de Tianyi est réédité dans Le livre de poche. Il a été suivi d’un superbe roman que d’aucuns ont comparé à La Princesse de Clèves : L’éternité n’est pas de trop, également en Livre de poche. La place nous manque ici pour mentionner d’autres titres de l’œuvre immense de ce poète, calligraphe, érudit, spécialiste de la peinture et de la poésie chinoises. On s’y plongera sans modération.

(16) Cf supra, note (9).

(17) Gardons ici le mot chinois, dans sa transcription « pinyin »,(phonétique) la plus courante aujourd’hui, et dont la célébrissime traduction voie reste insatisfaisante.

(18)Propos sur France-Culture retrancrits sur le site : www.psychanalyse-in-situ.fr/livres/L_nobel.html .

(19) Passagère du silence. Dix ans d’initiation en Chine. (Plus de 250.000 exemplaires vendus et traduit en plusieurs langues) est réédité aujourd’hui dans Le Livre de poche. L’unique trait de pinceau. Calligraphie, peinture et pensée chinoise, Préfaces de C.J.-D. Javary et J. Dars, a été publié en 2001, chez Albin Michel.

(20) Cet ouvrage, également publié chez Albin Michel, auquel ont collaboré, sous la direction de Daniel Abadie, des personnalités de renom mondial, est sorti à l’occasion de la récente exposition d’œuvres de Fabienne Verdier au Groeningemuseum de Bruges(mai-juin 2013). Une partie du travail préparatoire à cette exposition, sous forme de carnets, a également donné lieu à une exposition au Musée Erasme à Anderlecht, et à une publication d’Alexandre Vanautgaerden, Fabienne Verdier et les Maîtres flamands. Notes et carnets, Albin Michel, 2013.

(21) F. Verdier, Passagère du silence, Albin Michel, éd.2003, p.200.

(22)Cf. Dai Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise , réédité en Folio.

(23) Cf Dai Sijie, Le complexe de Di, réédité en poche chez Folio.

(24) Outre l’Anthologie de la poésie chinoise classique, sous la dir. de P. Demévielle, toujours rééditée par Gallimard dans sa coll. de poche Poésie, voir notamment, aux éditions Moundarren, déjà citées plus haut, les anthologies présentées sous divers titres ( Eloge de l’ivresse, L’extase tu thé, Dans la cuisine du poète, Le maître est parti cueillir des herbes, etc.) ; chez Picquier Poche, les anthologies de F. Stočes, Neige sur la montagne du lotus, et Le ciel pour couverture, la terre pour oreiller ; chez Points, Anthologie Les yeux du dragon, Petits poèmes chinois, Trad.. et prés. de Daniel Giraud ; chez Albin Michel, La Montagne vide Anthologie de la poésie chinoise IIIe-XIe s., trad.. et prés. par P. Carré et Z. Bianu ; chez Dervy, Les Grands maîtres de la poésie bouddhiste chinoise, prés. d’E. Sablé…

On n’oubliera pas la toile ! Voir par ex le site http://www.ventdusoir-poesie.fr/

(25) Voir par exemple Le Ciel en fuite. Anthologie de la nouvelle poésie chinoise (Taïwan), trad.. de Chantal Chen-Ando et Martine Vallette Hemery, éd. Circé, 2004. Voir aussi, chez L’Harmattan, les deux anthologies de poésie moderne chinoise publiées par Isild Darras, Poètes chinois d’aujourd’hui (2003) et Inspirations chinoises (2005). Voir aussi , publiés également chez L’Harmattan, les Poèmes de prison du dissident Liao Yiwu, réfugié aujourd’hui en Allemagne et qui a relaté ses emprisonnements dans un ouvrage intitulé en chinois Wode zhengci (Mon témoignage) , récemment publié chez Fr. Bourin (2013) sous le titre Dans l’empire des ténèbres. Un écrivain dans les geôles chinoises .

(26) Voir par exemple François Cheng, A l’Orient de tout. Œuvres poétiques , Préface d’André Velter, Poésie/Gallimard, 2005 (reprenant ses principaux recueils poétiques), et le magnifique  Et le souffle devint signe. Ma quête du vrai et du beau par la calligraphie, éd L’Iconoclaste, 2002.

(27) Gao Xinjian est venu commenter lui-même à Bruxelles, naguère, le film archive réalisé au départ de la captation de ce spectacle de Taipei, véritable machinerie interculturelle, mêlant techniques et codes de l’opéra chinois et du théâtre occidental, sur fond d’une thématique chan, elle-même distanciée. Noël Dutrait propose une magistrale analyse de ce spectacle sur le site de Perspectives chinoises, « La naissance d’un opéra d’expression chinoise », Perspectives chinoises [En ligne], 75 | janvier - février 2003, mis en ligne le 19 juillet 2006, consulté le 06 juin 2013. URL : http://perspectiveschinoises.revues.org/60.

L’autre Rive et La Neige en août, précédés de Le Quêteur de la mort ont été publiés au Seuil, en 2004 ; le reste de son théâtre, chez Lansman.

(28) Voir Noël Dutrait, « Les traductions du théâtre de Gao Xingjian par lui-même », Impressions d'Extrême-Orient [En ligne], 2 |  2011, mis en ligne le 11 novembre 2011, Consulté le 05 juin 2013. URL : http://ideo.revues.org/215

(29) Au Théâtre National, les 6 et 7 novembre 2009.

(30) Au Beursschouburg, début mai 2010. Kaldor, créatrice de théâtre d’origine hongroise mais travaillant aux Pays-Bas à un théâtre très visuel, exploitait, pour ce spectacle, l’idée d’une leçon de mandarin donnée sur les planches par une famille chinoise migrante (fictive) en quête d’identité et de réussite sociale, et utilisait à la fois des acteurs (chinois hollandais) amateurs, un comédien professionnel et un comédien formé à l’opéra chinois !

(31) Illustrations récentes de ces interculturalités théâtrales, via Avignon, la création, au Théâtre du Chêne noir, de Si Siang Ki (ou l’histoire de la Chambre de l’Ouest) de Wang Che-Fou , mis en scène et adapté par Daniel Gelas , en 2011, ou La Lune souffle (trad. Alain Leroux ), en 2012, créée par Sun Li Tsuei, qui a étudié les Arts de la scène avec Lecoq, Marceau et DecrouxFondatrice du Shang Orientheatre.

(32) Cela nous vaut du reste la présence, à l’Université de Bruxelles, d’un brillant chercheur doctorant chinois, M. Wu Lei, qui passe au crible de méthodes analytiques sémiotiques les modulations de cette interculturalité autour des années 2000.

(33) Je ne voudrais pas pour autant oublier de signaler au moins l’extraordinaire travail de « passeur » fourni, depuis 25 ans dans ce domaine, par une Belge passionnée, Brigitte de la Royère à qui l’on doit e.a. la création du Fonds cinéma chinois à la Cinémathèque royale de Belgique (+ de 2.500 titres consultables par étudiants et chercheurs), nombre de médiations entre producteurs chinois et distributeurs d’ici et, depuis 10 ans, le programme électronique gratuit hebdomadaire « Voir la Chine… » . Pour tout ceci, voir < www.euchan.eu/fr/> .

(34) Accompagné des superbes dessins de Laurent Berman, Le Maître de la Pluie est malheureusement épuisé mais peut encore se trouver en bouquinerie.

(35) Voir par ex. chez Actes Sud Junioir, Les dix soleils amoureux des douze lunes  , Un rêve pour toutes les nuits, Le Secret d’un prénom, Le Voyage de Mao-Mi; chez Picquier Jeunesse, Mon premier livre de chinois ; chez L’Ecole des loisirs, Un cheval blanc n’est pas un cheval  et Contes chinois, Le Bouvier et la Tisserande ; chez Gallimard Jeunesse, Lully de Chine en Chine ; chez Albin Michel, Sagesses et malices de la Chine ancienne  

A côté de sa production pour jeunesse, Bresner a laissé d’émouvantes et savantes études au premier rang desquelles on retiendra Tuiles intactes et jades brisés,éd. Philippe Picquier 2003, et Pouvoirs de la mélancolie (Chamans, poètes et souverains dans la Chine antique, Albin Michel , 2004.

(36) Chez Le Livre de poche, Le Thé aux huit trésors ; chez Seuil Jeunesse, Miettes de lettres ; chez Seuil Jeunesse, Miettes de lettres ; chez Hongfei Culture, La maison De Yi Ting.

(37)Marie Sellier et Catherine Louis, Le Petit Chaperon chinois, Picquier jeunesse, 2010, Pour le commentaire de cet ouvrage par Michel Defourny de l’Université de Liège, voir le site http://culture.ulg.ac.be/jcms/prod_285920/litterature-de-jeunesse-selection-de-michel-defourny.

(38)Marc-Antoine Mathieu, Le peintre Touo Lan suivi de Hank, Editions de l’An 2, 2004. Le conte chinois transcrit par Henri Gougaud fait partie de L’arbre à soleils. Légendes du monde entier, Seuil, 1979, 1995.

(39)Jean-Côme Noguès et Anne Romby (illustr.), Le Génie du pousse-pousse, éd Milan Jeunesse, 2001.

(40)La Poésie Chinoise. Petite anthologie. Poèmes choisis par Angel Pino et Isabelle Rabut, Images de Sren-Lean Tang, Calligraphies de Shain Jye Mong, Mango Jeunesse et Paris Musées. Hélas épuisée, cette édition est encore disponible via le site de vente Amazon.fr

(41)Avec un seul dessin par page, sous petit format 10/14cm fait pour tenir dans la poche poitrine d’une chemise de travail.

(42)Au Bord de l’eau, Intégrale 1-30, Collectif, Trad. Nicolas Henry et Si Mo, coffret 312x230x83mm, éditions Fei, Distributeur MDS, 2012.

(43) P. Ôtié et Li Kunwu, Une Vie chinoise, 1.Le temps du père, 2.Le temps du parti, 3. Le temps de l’argent, 3 tomes, Kana éd., 2009-2011.

(44) Le très complet (611pp.!) Expo Book Europalia.china 2009-2010 publié par le Fonds Mercator reste une précieuse trace de cet événement interculturel aussi riche que ne l’avait été, cinq ans plus tôt, l’année de la Chine en France. Relevons deux expositions-phares de cet Europalia : Les trois Rêves du Mandarin et Le Pavillon des Orchidées, qui ont généré de superbes catalogues encore disponibles.

(45) Le film de Jean-Michel Carré, Chine Le Nouvel Empire, en 3 parties (1. La Chine s’éveille, 2.La Chine s’affirme, 3.La Chine domine), est disponible sous coffret de 2 DVD , Les films grain de sable, Arte éditions, 2013. Constitué pour moitié de documents d’archives et pour moitié de témoignages de Chinois de toutes conditions et de tout âge, ce film porte un regard vraiment inédit sur la Chine d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le livret accompagnant le coffret, note de présentation du film, signée par Carré, est un bijou !

(46)Les mots sont de Simon Leys, préfaçant l’ouvrage.

(47) Philippe Paquet, Madame Chiang Kai-shek, Un siècle d’Histoire de la Chine, Paris, Gallimard, 2010, 776pp. Magistrale thèse doctorale qui se lit comme un roman.

(48)Voir Jacques Pimpaneau, Anthologie de la littérature chinoise classique, Ed. Philippe Picquier, 2004, 953pp.

(49) Les fables de La Fontaine, pour ne prendre qu’un exemple, existent aussi bien en éditions savantes chinoises qu’en adaptations pour très jeunes ou pour la classe.

(50) Rappelons que Charles Pairon est cet écrivain belge, publié à l’époque chez Gallimard, ancien libraire, initiateur, en 1935 déjà(!), d’une assez rocambolesque Mission journalistique Belgique-Chine, reparti vivre en Chine entre 1959 et 1967 et à qui l’on doit ce très beau roman Les Vagues peuvent mourir( rééd. par Labor, dans la Coll. Espace Nord, avec une éclairante lecture de J. Vandenschrick), dont le héros a pu être à juste titre qualifié de Woyzeck chinois.

(51) Wang Bingdong, Anthologie chinoise de la littérature belge francophone (en mandarin), éd. People’S littérature Publishing House, Beijing, 2005, 550pp. C’est donc au professeur Wang Bingdong que l’on doit la nouvelle traduction de l’ensemble des Tintin de Hergé en chinois. Voir notamment à ce sujet Wang Bindong, Tintin en Chine, in Revue Générale, Europalia China, n°1 de janvier 2010, pp. 45-56, et le site www.tradonline.fr/blog/au-sujet-de-la-traduction/traduction-de-qualite-et-reussite-commerciale-un-bon-exemple-dans-la-bd-avec-tintin

(52) Voir le site < http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/les-eleves-du-secondaire-plebiscitent-le-chinois-1742/>

(53) Voir le site < http://www.cndp.fr/planete-chinois/>

(54) Voir le site < http://www.mariehaps.be/traduction/langues/chinois/>

(55) Cf Réponse de la Ministre de l’Enseignement obligatoire, Mme M-D. Simonet à la question écrite de la députée A-M. Barzin, sur le site www.anne-barzin.be/fr/actualite/art/295/cours-de-chinois-dans-l-enseignement-primaire-et-secondaire.html

(56) Voir, à titre d’exemples non limitatifs, des sites tels que : <http://laoshi.free.fr/;http://french.cri.cn/learnchinese/lesson01/2.html> ;< http://lechinois.com/coursnet/coursnettitre.html>;<www.chine-nouvelle.com/methode/chinois>;<www.chine-informations.com/chinois/>;<www.ramou.net/index.htm>;<http://hello-china.over-blog.com/10-categorie-246291.html>;<www.cctv.com/program/lechinois/02/02/index.shtml>;< http://afpc.asso.fr/>;<http://educhine.forumactif.com/t82-apprendre-le-chinois-en-ecoutant-de-la-musique-chinoise

(57) Lin Yuntang, L’Importance de vivre, trad. de J. Biadi. Préface et répertoire de P. Kaser. Ed Philippe Picquier, 2004, rééd. en Picquier Poche, 2007, 491pp. Lin, émigré aux E-U en 1936, est décédé à Hong Kong en 1976. Kazer rappelle qu’il faillit ravir à Montale, en 1975, le Nobel de littérature, avant de connaître un long purgatoire, dont il sort depuis quelques temps. J’évoque M. Onfray pour le clin d’œil : cf. de ce dernier, Le ventre des philosophes. Critique de la raison diététique, Le Livre de Poche, Biblio Essais, 1990, 182pp.

(58) Lin Yutang, op. cit., p. 52.

(59) Ibid., p.76.

(60) Pour Sionneau et Marié, voir respectivement les sites http://sionneau.com/philippe-sionneau/presentation_philippe_sionneau et www.lifecarecentre.be/seminaire%20eric%20marie.html , pour Martens, voir www.tiandi.eu/index.php/elisabeth-martens; Brigitte Meeus a été se former à l’Université de médecine et de pharmacopée chinoise du Liaoning…

(61) Ainsi des cours d’initiation à la Médecine chinoise sont intégrés aux facultés de médecine de Montpellier ou de Lausanne ; des cours sont donnés sur la médecine chinoise à Lyon et l’ont été à l’U.C.L ; les instituts ou écoles de médecine chinoises, comme l’Institut Ming Men à Nancy ou l’Institut Shao Yang à Lyon se multiplient ; les hôpitaux intégrant des pratiques de médecine chinoise, comme la Salpêtrière ou Cochin à Paris, ou Verviers en Belgique se multiplient…

(62) Voyez à ce propos, sur le plan pratique, Ken Hom, Cuisine chinoise, Hachette, 2002 ; Annabel Jackson, Le tour du monde de la cuisine : Chine, Parragon éd., 2005. ; Michael Sasso, A la table d’un cuisinier taoïste, Picquier poche, 2001 ; pour le clin d’œil littéraire, le bijou de Lu Wenfu, Vie et passion d’un gastronome chinois, Picquier poche, 1996.

(63) Pour une initiation, voir le livre de Nadia Bécaud, Le thé. La culture chinoise du thé, éd. Stéphane Bachès, 2002 et John Blofeld (trad. J. Herbert), Thé et Tao. L’art chinois du thé, Albin Michel, 1997. Pour le clin d’œil littéraire, l’anthologie de poèmes L’extase du thé, Moundarren, 2002, et Le dialogue du thé et du vin, de Wang Fu, Berg international, 2013, 37pp. Quant aux comptoirs ou salons de thé, voyez en France, parmi bien d’autres, à Lyon, Longjing (www.long-jing.com). Le dernier comptoir/salon de thé chinois, raffiné, ouvert en Belgique est, à ma connaissance, la Maison de thé Source de lumière, 16, rue du Postillon à 1180, Bxl et l’a été en mai 2013.

(64) Baudouin Decharneux , La religion existe-t-elle ? Essai sur une idée prétendument universelle, Académie Royale de Belgique, éd. L’Académie en poche, 2012, 106pp.

(65) A propos de ces manifestations, voir e.a. les sites www.grandricci.org/evenements.html et www.institutricci.org/A3_actualites/proc_actu/list_dern_actu

(66) Les deux ouvrages de Benoît Vermander ici évoqués ont été publiés tous deux chez Desclée de Brouwer, le premier en 2002, le second en 2010. Ils avaient été précédés, chez DDB, d’un premier ouvrage intitulé Le Christ chinois, en 1998.

(67) Benoït Vermander, L’Empire sans milieu, op. cit., p.214.

(68) Le mot « vagus » (droit canon : hors juridiction) est revendiqué par Besret lui-même, qui se reconnaît « vagabond ». B. Besret, Du bon usage de la vie, Albin Michel , Coll. « Espaces libres », 1996-2006, p. 214.

(69) L’ association Huanglao-Qiyunshan rassemble ceux qui soutiennent l’initiative interculturelle localisée sur cette montagne et fondée conjointement par le Chinois Zhu Ping et l’auteur de A hauteur des nuages (cf. le site www.qiyunshan.eu/v1/index.php). Ce dernier ouvrage est paru en 2011 chez Albin Michel, 247pp.

(70) A hauteur des nuages, op. cit ., p.178

(71)Cf. Ibid. , p.203. La plupart des essais de François Jullien ont été rassemblés au Seuil dans les deux volumes : La pensée chinoise dans le miroir de la philosophie, 2007, 1883pp., et La Philosophie inquiétée par la pensée chinoise, 2009,1426p. Nourrir sa vie : A l’écart du bonheur est repris dans ce 2d vol.

(72) François Jullien, Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie, Réplique à ***, Seuil, 2007, p.115.

(73) Pour prendre la dimension des débats en question, il conviendra de lire au moins le petit opuscule de Jean François Billeter, Contre François Jullien, paru aux éd. Alia, en 2006, et, outre la réponse de ce dernier dans Chemin faisant…, l’ouvrage collectif Oser construire pour François Jullien, éd Les empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2007.

(74)Cf., ds Oser construire…, les contributions de Lin Chi-Ming et de Du Xiaohen.

(75)Cf. Ibid., Françoise Gaillard, Du danger de penser, p. 17

(76) Kristofer Schipper , La religion de la Chine. La tradition vivante, Fayard, 2008, 473pp. L’autre grand ouvrage de Schipper, Le Corps taoïste, a été également publié par Fayard, en 1982.

(77) La religion de la Chine, op. cit., p.432.

(78)Voir, d’ Isabelle Robinet, Histoire du Taoïsme , Des origines au XIVe siècle, CNRS, Biblis, 269p, 2012 et Comprendre le Tao, Albin Michel, Spiritualités vivantes, 2002, 294pp. ; de Catherine Despeux, Taoïsme et Connaissance de soi, La Carte de la culture de la perfection, éd. Trédaniel, 2012 (rééd revue et augm. de Taoïsme et Corps humain, paru en 1994) et Le Qigong de Zhou Lüjing , éd Trédaniel,2011, 288pp.; de John Lagerwey, Le Continent des esprits. La Chine dans le miroir du taoïsme, éd Maisonneuve et Larose, 1993, 171pp.; de Pierre-Henry De Bruyn, Le taoïsme. Chemins de découvertes, CNRS éd., 2009, 282pp.; de Romain Graziani,Fictions philosophiques du « Tchouang-tseu », Gallimard, 2006, 339pp. et Les corps dans le Taoïsme ancien, éd Les Belles Lettres,2011, 358pp.; de Cyrylle Javary,outre nombre d’autres publications, sa traduction et sa présentation du Yi Jing ( en coll. avec P. Faure), Albin Michel, 2012, 1065pp.

(79) Voir Adeline Herrou, La vie entre soi. Les moines taoïstes aujourd’hui en Chine, Société d’ethnologie (Nanterre), 2005, 520pp.

(80) Cf. op.cit.(note 70), Annexe, pp. 287 à 298 .

(81) Simon Leys, Une introduction à Confucius [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1995. Disponible sur : < www.arllfb.be > .

(82)Jean Levi, Confucius, Albin Michel (Poche), Coll. Spiritualités vivantes, 2003.

(83)Autre témoin de « l’observation participante », Philippe Cornu, sinologue français converti au Dzogchen,(président de l’Université bouddhique européenne, prof. U.C.L. en Histoire des religions, bouddhisme…) en est devenu un éminent spécialiste : cf. Le Miroir du cœur, Tantra du Dzogchen, Seuil, Points-Sagesse, 1997, 284pp. Philippe Cornu est aussi l’auteur d’un monumental Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Seuil, rééd. 2006, 949pp. : œuvre interculturelle et interreligieuse s’il en est !

(84) Parmi lesquels, est-il besoin de le dire, outre les innombrables textes du canon bouddhique traduits en français, et accessibles en éditions de poche, l’abondante littérature que l’on doit au Dalaï Lama ou à son célèbre « médiateur » français Mathieu Ricard.

(85) Ainsi de l’ouvrage très critique et parfois partial mais instructif de la Belge Elisabeth Martens, Histoire du Bouddhisme tibétain. La compassion des puissants, éd L’Harmattan, 2007, 282pp. ou de l’ouvrage fascinant, traduit de l’anglais par notre compatriote André Lacroix, relatant l’exemplaire chemin de vie d’un Tibétain hors-norme : Tashi Tsering, Mon combat pour un Tibet moderne, Golias éd., 2010, 255pp.

(86)Jacques Pimpaneau, A deux jeunes filles qui voudraient comprendre la religion des Chinois, éd Philippe Picquier, 2010, 106pp.

(87) Auvidis Astrée, E 8642 ;

(88) Aux éditions Fata Morgana, Coll. « Les immémoriaux », 2012, 96pp.